
Résumé : Qui n’a jamais rêvé de changer de vie ? De briller parmi les étoiles ? Il a suffi d’un petit mensonge, pour propulser Emma dans un monde de strass et de paillettes. Un simple malentendu, pour que son chemin tranquille se transforme en trajectoire sinueuse et étrange. Qui saura la guider, pour la remettre sur le bon chemin, et l’aider à trouver qui elle est ?
En quête d’Emma est un livre fantastique écrit par K.P Laurentie et paru en auto-édition le 17 mai 2020. Je tiens à remercier chaleureusement l’auteure qui m’a permis de lire son œuvre.
Disclaimer : comme d’habitude les petits chats, mes pensées se regroupent en un tas de papillons désordonnés constituant une chronique qui se veut surement subjective, malgré mes efforts pour m’en détacher. Alors si vous désirez vous faire votre propre avis de ce roman, n’hésitez pas à vous le procurer ici (mobi – papier).
C’est dans un univers bousculant que m’embarque K.P Laurentie pour sa toute première parution. Le résumé, intriguant, me fait d’abord douter un peu : vais-je assister à la décadence d’une jeune star, menteuse de surcroît, dans un monde auréolé de paillettes et de faux-semblants ? Tout là a été mon erreur : je n’étais pas prête pour le tourbillon de suspens que j’allais recevoir en plein visage.
Parlons d’abord d’Emma. C’est une jeune fille réservée, timide, à sa place, dont la monotonie n’a d’égal que sa platitude. Mais Emma rêve de paillettes, comme lorsqu’elle aspirait à devenir actrice, et c’est d’un tout petit mensonge que part cette histoire abracadabrantesque. Nous la retrouvons alors, évoluant au fur et à mesure du livre, découvrant son autre soi (je n’en dirai pas plus, parce que sinon c’est du spoil aha), appréhendant son nouveau monde tout en se posant des questions de rigueur : suis-je devenue folle ? Car vous verrez que tout le long du livre, la pensée cartésienne de cette protagoniste est mise à rude épreuve.
Un cri au loin et sa pensée passe à la vitesse supérieure. Comme on change de plateau sur un vélo, elle change sa réactivité de niveau.
Narrateur
Et ces questions peuvent également se poser dans l’esprit du lecteur. Car K.P Laurentie a eu le plaisir de me balader de chapitres en chapitres, me lançant des indices au détour de quelques lignes, pour finalement me détourner de mon chemin, me perdant peu à peu dans le dédale des pages, comme Emma dans les escaliers. Elle maîtrise donc sans conteste son contexte (ouh c’est sympa comme phrase) et maintient une cohérence telle qu’elle relève de la torture psychologique, qu’elle fait subir autant à son personnage qu’à ses lecteurs. Il m’est d’avis que l’on ne comprend pas tout à la première lecture, et que les détails cachés feront surface pour un deuxième tour, mais là est tout l’art de cette auteure : elle m’a perdu dans son suspens solide. Moi qui suis plutôt habile à dénicher les fins de livre, je n’ai eu le fin mot de l’histoire quand je l’ai lu dans les dernières pages, me permettant de me repaître enfin de ma lecture, qui m’avait tenu en haleine tout du long.
Six heures. Granville se réveille embrumée. Emma se réveille barbouillée. À tâtons, sa main cherche ses vêtements, la salle de bain, la porte, le mur et se laisse guider dans le couloir, dans l’escalier, jusqu’à son petit déjeuner. Yeux brouillées… Oeufs barbouillés.
Narrateur
L’univers circonvolue autour de la légende des oies du château de Pirou, bâtisse du 12ème siècle incendiée par les Normands, et qui existe vraiment, ce qui donne à cette histoire un goût de réel. Car même si elle trempe dans le fantastique, l’explication de la légende et sa résolution telle qu’elle est décrite dans le livre n’en reste pas moins plausible, pour qui veut bien s’adonner à la croyance d’une telle magie. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé comment cette légende est intégrée à l’histoire, puisqu’elle en constitue d’ailleurs le fil principal, et lui donne une consistance toute nouvelle, bien à l’écart des œuvres fantastiques que j’ai l’habitude de lire, ce qui est tout à fait plaisant.
Emma n’est pas toute seule, et à l’aide d’autres personnages tout aussi attachant, bien que mystérieux eux aussi – comme quoi, tout ce livre est un mystère – elle va nous emmener dans sa quête alambiquée, apportant quelques touches de romance dans le livre (mais qui sont vraiment légères, parfait pour quelqu’un qui y est autant hermétique que moi). On la découvre alors sous des horizons nouveaux, bien loin de l’Emma platonique qui nous attendait en début de bouquin.
Car si les peurs ont peuplé ses cauchemars d’enfant, aujourd’hui restent en elle les angoisses difficiles à maîtriser, comme la peur de ne pas être à la hauteur, ou de ne pas être reconnue à sa juste valeur, la crainte de n’être qu’un personnage insignifiant, parmi tant de gens mis en avant sur le petit ou le grand écran, l’angoisse de ne jamais être aimée comme les amants maudits chantés depuis la nuit des temps, l’effroi de ne plus jamais ressentir ses émotions qui la submergeaient adolescente et l’emportaient dans un torrent bouillonnant. Vivante.
Narrateur – Alors oui cette citation est très longue mais c’était très joli donc je tenais à vous le partager quand même.
Pour finir, je vais m’attarder un peu sur le style de l’auteure, qui alterne vers et prose. Cela donne à son texte des allures fascinantes et le rend musicalement très appréciable, n’alourdissant en rien son récit, qui passe d’ailleurs très vite. Puisqu’en plus d’écrire d’une manière sophistiquée, K.P Laurentie n’oublie pas la fluidité de sa plume en permettant au lecteur une lecture qui défile limpidement au rythme des pages qui sont tournées.
À lire ou pas ? Ce livre est pour moi quelque chose d’inédit dans le monde du fantastique (mais ma culture est peut être un peu légère, donc je ne suis pas au fait que de telles œuvres existent), ce qui le rend indispensable à lire pour tous les fans de suspens faisant tourner la tête.
5/5 est ma note pour ce livre.
Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée ! J’espère qu’elle vous aura plu ! Si jamais vous connaissez déjà ce livre, n’hésitez pas à m’en donner votre avis que nous puissions en débattre en commentaire.
Bouquinement vôtre, Jade