Chroniques·Roman

Chronique 62 TRS – L’enfant des tempêtes par Mélanie Guyard

Couverture du livre

Résumé : Charente-Maritime, quelques jours avant Noël. Le cœur de Mathieu, douze ans, n’est pas à la fête. Incapable de supporter leur domicile et la présence de la famille après la mort de son mari, sa mère a décidé de se réfugier dans leur maison de vacances sur l’île d’Oléron. Tous deux s’y retrouvent pour une semaine, face à l’océan sous l’hiver, entre culpabilité et deuil. Dans l’espoir d’endormir sa peine et son incompréhension du monde des adultes, Mathieu s’échappe de la maison dès qu’il le peut et rencontre Corentin, un garçon de son âge. Jour après jour, les deux garçons explorent la plage, les blockhaus en décrépitude et les limites de leur courage. Mais bientôt Corentin pousse Mathieu à des expériences plus extrêmes et le ciel se fait de plus en plus noir. Tandis qu’une tempête sans précédent approche des côtes françaises, une autre monte en lui, bien décidée à balayer son enfance. Et comment peut-on affronter l’obscurité, quand on a douze ans ?

L’enfant des tempêtes est le deuxième roman de Mélanie Guyard, publié le 8 octobre 2020 chez les éditions Seuil. Je l’ai reçu dans le cadre d’une Masse Critique Babelio, et je tiens à remercier vivement ces derniers, ainsi que la maison d’édition.

Disclaimer : comme pour toutes mes chroniques, l’avis que je donne ici peut ne pas convenir à tout le monde, peut paraitre biaisé (m’enfin peu m’importe, tant que je suis honnête avec moi même). Ainsi, si l’envie vous en prend, vous pouvez vous procurer ce livre pour vous en faire votre propre avis, sans aucune influence quelconque. Vous pouvez par ailleurs le trouver en allant sur le site de Seuil, qui recense les librairies ainsi que les sites internet où il est disponible.

Alors que j’écris ces lignes, le bouleversement qui m’a saisi quand j’ai tourné la dernière page et ai refermé l’ouvrage, est encore bien frais. Frais car les mots raisonnent dans mon esprit, ils tourbillonnent et ils me touchent ; à tel point que la larme qui menace de dévaler ma joue depuis l’avant dernier chapitre se perd sur le rebond de mon sourire, dégoulinant non pas de tristesse mais de sympathie et de compréhension. Ma chronique ne sera pas négative, loin de là, vous l’avez compris en lisant mes premières lignes. Et je vais vous expliquer pourquoi, du mieux que je le peux, cette histoire m’a touché au plus profond du cœur.

On a beau être solide, on a beau avoir toutes les ressources possibles, tout fini par être usé. Il en va de même pour les sentiments et le béton armé.

En 2011, Mathieu, jeune interne en psychiatrie, décide de se rendre sur les traces de son passé, retrouvant la maison d’Oléron, riche en souvenirs heureux mais aussi ternis par le décès de son père. Et en prenant la route de son enfance perdue, et surtout de l’hiver 1999, quelques mois après la mort de son père, il nous emmène avec lui pour nous conter les mémoires de ce mois de décembre. L’enfant de presque 12 ans, accablé par le décès, mais aussi sa mère, dévastée de la perte de l’amour de sa vie, nous emmène dans leur reconstruction lente et semée d’embuche.

Cette considération me parut dangereuse. Si les choses n’existaient que pour moi, alors leur disparition était de ma faute. C’était une responsabilité effrayante.

Le lecteur assiste, spectateur impuissant, à la rupture d’une dynamique familiale, ambiance sombre et dramatique qui plane tout le long de la lecture. Et l’esprit invente des leurres, des ruses, pour faire oublier la douleur du deuil. On nous introduit Corentin, l’Ouragan de la vie de Mathieu, qui l’aide à faire fi du passé en l’entrainant dans des expériences plus que dangereuses, motivées par l’envie d’exaltation, de frisson… mais surtout par l’envie de vivre de nouveau. On y découvre la culpabilité du vivant, la « fleur empoisonnée » qui ronge le cœur meurtri de l’enfant, qui ne cesse d’enfoncer ce dernier dans une voie plus sombre alors qu’il essaie tant bien que mal se relever. Une tempête dans l’esprit comme une tempête sur l’océan, la vie du jeune garçon est sens dessus dessous, malmenée par les marées, la houle puissante, les vents violents, les carreaux arrachés, les maudits trois vœux pour trois ricochets…

– On ne peut pas empêcher la dune de reculer ?
– Bah si. En évitant de marcher dessus.

C’est sous la narration du Mathieu de 23 ans, l’adulte, celui qui a vécu un peu plus longtemps, qui semble un peu plus apaisé (même si ses démons ne sont jamais bien loin), que l’on suit cette épreuve, de bout en bout, sans jamais perdre le fil de l’histoire. Car si le cerveau « malade » invente sans cesse de nouvelles choses pour alléger le poids des épreuves, l’espoir persiste. Au sortir d’une tempête, le jour se lève pour laisser place aux rayons du soleil. Des rayons de joie, d’amour, de réconciliation ; l’idée qu’un jour, nous pourrons guérir et nous relever malgré les blessures du passé. Alors merci à Mélanie Guyard de nous avoir donné – grâce à sa superbe plume alternant rime, prose, métaphores, et dotée d’une stylistique sans pareil – ce récit bouleversant qui continuera, je suis sure, d’en toucher plus d’un.

Nous faisons semblant d’être des adultes. Mais il suffit de regarder à travers une vitre brisée pour constater qu’en réalité on ne fait que grandir. Nos monstres ne cessent jamais de nous accompagner tout au long du chemin.

À lire ou pas ? Bien que très peu attirée par le dramatique d’habitude, je ne peux que vous recommander cette pépite qui est pour moi un véritable coup de cœur.

5/5 est ma note pour ce roman.

Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée ! Deux pour le prix d’une aujourd’hui, on peut dire que j’ai été productive ! Alors dites moi, qu’avez vous pensé du nouveau roman de Mélanie Guyard ? N’hésitez pas à commenter que nous puissions discuter tous ensemble.

Bouquinement vôtre, Jade

2 commentaires sur “Chronique 62 TRS – L’enfant des tempêtes par Mélanie Guyard

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