
Résumé : 2053. Le monde est différent. En overdose numérique. Même les morts font désormais partie du digital. Dominée par l’Église numérique de Vatican III, sous l’égide de la Papesse Oranne Ière, la religion n’est pas en reste. Dans ce monde ultra connecté, W3, un hacker de génie, prédit l’effondrement de la civilisation et son plongeon dans l’obscurantisme. Pour sauver l’humanité, il devra convaincre Gabriel, le Croque mort numérique, de s’allier à lui pour éviter le pire. Le charismatique et dangereux Monseigneur Veinas, des scientifiques de tous poils, des hommes de loi omnipotents et des écolos-radicaux déchaînés, rien ne leur sera épargné.
Dieu 2.0 le T.1 La Papesse Online est le premier volet d’une trilogie d’anticipation reparu chez les éditions Beta Publisher en octobre 2020. Je tiens à remercier la maison d’édition qui me supporte en tant que partenaire depuis la rentrée (merci zetes des amours vraiment) et qui m’accorde leur confiance hihi.
Disclaimer : cette chronique a été écrite dans le but que j’exprime ce que je ressens par rapport à ma lecture, ce qui signifie chers amis qu’elle reflète ma pensée et que donc, si vous souhaitez vous faire votre propre avis de ce livre, vous pouvez vous le procurez par ici.
Alors que Gabriel, le fameux Croque Monde, aussi frais que possible pour un homme de 75 ans, dirige depuis une vingtaine d’années le Mémoriam, cette entité qui conserve les « mémoires » des défunts pour que les vivants puissent se recueillir, il fait la rencontre de W3, le hacker d’une vingtaine d’années son ainé (à croire que travailler dans la technologie ça conserve vachement bien), qui à coup d’algorithmes, de formules mathématiques et de probabilités prédit une catastrophe planétaire qui menace l’Humanité. Oui, rien que cela (c’est fou la science quand même). Son idée, pour sauver le monde (ni plus ni moins), c’est de tuer Dieu… Métaphoriquement et littéralement parlant.
Nous vivons dans un monde pacifié, W3. Et l’Église n’y est pas pour rien. Nous sommes névrosés à l’Internet, je vous l’accorde. Tellement drogués à la technologie que plus personne ne réalise l’addiction.
C’est devant ce résumé prometteur qu’Henri Duboc nous introduit à son futur pour le moins moderne, où les IA (pour intelligences artificielles) font partie intégrante de notre quotidien : Amper (des voitures plutôt cool qui conduisent toutes seules et servent aussi un peu de garde du corps), Yphone (clin d’oeil clin d’oeil) et autres progrès numériques. Le tout alternant entre le passé et le présent, s’attaquant au sujet glissant de la religion et de l’interprétation de tout un chacun. C’est là qu’apparait le personnage irritant de Monseigneur Verinas, cet homme d’église qui ne rêve que du pouvoir et de la richesse (c’est des pêchés ça en plus non ?). Que ce soit dans les mains des religions ou dans la science, les pulsions d’un homme possédant le pouvoir peut nuire à toute l’humanité. Et dans cette optique, on suit parallèlement l’histoire de Yosa Takahara qui lui, essaie de contrer ce pouvoir, scientifiquement parlant.
On nous présente une Église résolument moderne (qui essaie en tous les cas), avec Oranne 1ère, la première Papesse, mariée, avec des enfants. L’Église se modernise et essaie de suivre l’évolution de l’Humanité, s’adaptant à l’informatique et à la technologie (mention spéciale à la page Christipédia qui m’a fait beaucoup rire). Mais devant cette façade renouvelée se cache encore des vices encrés profondément – le personnage de Verinas en est la preuve vivante – avec une notion de fondamentalisme effrayante qui apparait à chacune des paroles de ce Monseigneur qui abime les traits de la croyance. Car l’homme a besoin de croire pour vivre. Il a besoin de se représenter quelque chose vers lequel avancer, quelque chose qui explique son existence, qui donne un but à sa vie… Mais jusqu’où peut aller la croyance ? Car la croyance donne le pouvoir à celui qui la propose, et on en revient à ce que je dis précédemment : trop de pouvoir pour une seule personne, cela peut être dangereux.
– {…} Par exemple, vous même, croyez vous en Dieu ?
– Je crois en Google.
– Je vous en prie, pas ça… Google, un dieu ?
– Tel que je me le représente, Dieu reçoit quotidiennement des milliards de prières et ne répond à aucune, non ? Google, au moins, vous lui adressez une requête, il vous donne des millions de réponse. C’est donc Dieu.
J’aimerai vous parler des personnages, notamment W3 et Gabriel. Ce sont des personnages d’un certain âge, ce qui je trouve est plutôt inédit, surtout dans les récits d’anticipation où on nous sert plus habituellement des hommes fringants débordant de jeunesse qui veulent réécrire une vie dans laquelle ils ont à peine vécu ; à la différence de nos deux protagonistes que j’ai trouvé plein de la sagesse que l’on accumule au fil des années. Ils sont alors (et c’est mon avis), plus légitimes à nous imposer la réflexion sur des sujets tels que la religion, le progrès, le pouvoir qui en découle ; car ils ont vu et revu les affres des mégalomanes, et en ont même certaines fois fait un peu partie.
Pour en revenir à W3 (si vous ne l’aviez pas compris, j’aime beaucoup ce personnage), c’est un protagoniste haut en couleur mais assez mystérieux, avec des implications multiples. Je n’ai toujours pas réussi à le cerner à la fin de ce tome 1 ; au contraire, j’ai encore mille questions qui trottent dans ma tête. Cet as du hacking fait-il partie des gentils ? des méchants ? Même si évidemment, le monde n’est pas qu’une dichotomie de blanc et de noir, je me demande quel est son plan. J’ai l’impression qu’il cache bien son jeu et qu’il nous réserve énormément de surprise.
L’auteur maitrise bien sa diction et nous offre une alternance entre le passé et le présent. Cher lecteur, il faudra bien t’accrocher pour suivre, mais une fois que tu auras pris le rythme, tu tendras à comprendre toutes les implications qu’on te propose… Même s’il s’agit, je pense, d’un tome introductif qui nous pose les bases de son histoire et qui je l’espère sera approfondi dans les prochains tomes. Je n’ai aucun doute sur ceci, car Henri Duboc maîtrise son sujet, il sait où il veut nous mener et ça se ressent dans ses écrits. J’ai d’ailleurs été assez étonnée (m’enfin pas trop quand je réfléchis) de sa très grande culture – qui transparait dans ses personnages, bien évidemment – et aussi de la profondeur de sa réflexion. La métaphore sur le pèlerinage dans les sciences était par ailleurs excellente. Il critique autant les excès des uns (la religion) et des autres (la science), non pas acerbement mais avec une ironie cachée qui montre un sens de l’idée remarquable. Il ne ménage pas non plus son sens du spectacle en lâchant à chaque fin de chapitre des bombes de suspens. Si je devais lui faire un seul reproche, c’est que parfois l’on se perd dans notre lecture devant autant de détails ; mais c’est pour mieux être récupéré quand tous les messages s’imbriquent enfin (mais il en reste beaucoup à découvrir, j’ai trop de questions là).
Finalement, ce livre est réussi, montrant une adresse d’écriture mais aussi de mise en scène qui donne une finalité à cette œuvre : les pages Christipédia, l’alternance avec l’histoire de la « mise à jour » de l’Église (si l’on peut dire ça comme ça), qui s’intègre comme un document informatif mais nécessaire à la compréhension du livre. Les nouvelles, écrites par W3, sont aussi le reflet de l’humour de l’auteur, qui bien qu’il ne soit pas omniprésent tout le long du livre, est très agréable (et j’ai bien ri des fois il faut le dire).
Un jour, vous n’aurez pas assez de la production planétaire du beurre, pour vous les faire passer là où je pense, vos TOST.
À lire ou pas ? Une réussite que ce premier volet d’une série d’anticipation. Il met bien en exergue les enjeux et introduit ce type de vie, pour je l’espère, le décortiquer et lui faire du mal (oui) dans les prochains tomes.
4,25/5 est ma note pour ce livre.
Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée ! J’espère qu’elle vous aura plu ! Connaissiez-vous Henri Duboc ? Avez-vous déjà lu un de ses ouvrages ? N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire que nous puissions discuter 🙂
Bouquinement vôtre, Jade
2 commentaires sur “Chronique 69 TRS – Dieu 2.0 T.1 La Papesse Online par Henri Duboc”