Chroniques·Polar

Chronique 95 TRS – Funeste Albion par Aymeric Janier

Couverture du livre

Résumé : Printemps 2100. Le Royaume-Uni, emporté par les vents mauvais de l’histoire, n’existe plus. Il a été remplacé par la « Grande République Britannique », un régime pyramidal placé sous l’égide d’un « Protecteur ». Ce dernier exerce le pouvoir d’une main de fer, menaçant quiconque ose se dresser contre lui. Mais en coulisse, la Résistance s’organise autour d’un ancien professeur émérite de Cambridge. Parviendra-t-elle à renverser le nouvel ordre établi et à raviver les feux de la Démocratie ?

Funeste Albion est un polar dystopique écrit par Aymeric Janier et publié chez BetaPublisher en avril 2021. Il s’agit là du deuxième roman que je lis de cet auteur, et j’avais vraiment apprécié L’Étoile d’Orion (clique pour une chronique de klité), un autre polar si jamais ça vous intéresse 🙂

Disclaimer : les goûts et les couleurs y’en a autant que de paires de chaussettes différentes. Moi j’ai bien (très beaucoup) aimé, mais si tu veux te faire ta propre opinion n’hésite pas à te procurer le roman par ici.

Si tu cherches une entrée en matière alléchante, tu tombes bien. Funeste Albion, c’est la dictature, cachée sous le nom pimpant de « Protectorat », et dirigée par le dit « Protecteur », un homme ma foi fort exécrable (mais tu peux l’appeler Allen Hampden si tu veux), britannique de son état entouré de ses trois bras droits, figures de la GRB (Grande République Britannique). La monarchie est tombée, avec la couronne de Charles et avant celle d’Elizabeth ; et la démocratie promise s’est transformée en une oligarchie restrictive, dont les mesures punitives n’ont rien à envier à une certaine contrée lointaine dont tu connais très certainement le nom (ça commence par C). Une intrigue qui promet moult rebondissements et qui ne laisse pas de marbre, car, cher lecteur, attend toi à devoir faire fonctionner ton cerveau, pris comme moi dans les rouages de la lutte espionne du parti adverse, au doux nom de Résistance.

Si tu t’attends à découvrir les dessous de la Résistance et bien trop peu la Dictature, hormis par les crimes qui y sont perpétrés, détrompe toi : l’auteur a pris le parti de nous emmener voir les têtes pensantes de ce gouvernement despotique. Un joli tableau des inégalités sociales que tu découvriras, puisque tu te doutes bien qu’à la tombée de la monarchie, les richissimes familles anglaises se sont tapés dessus à coup de parapluie (bon il dit pas ça dans le livre, ça devait plutôt être avec des armes à feu mais ici on est soft) pour prendre le pouvoir et instaurer la démocratie (mais pas trop quand même, faut pas déconner). Et c’est donc (reprit Jade alors qu’elle s’égare dans cette chronique) des personnages affiliés à la GRB qui nous sont présentés, et dont la subtilité de leur introduction est fascinante. Leur description est si bien faite (sans être assommante, que du nécessaire, qualité de l’écrivain que j’avais déjà aperçue en lisant l’Étoile d’Orion) que l’on arrive à cerner les personnages très rapidement, sans que cela ne porte aucun préjudice au suspens.

Une image effrayante lui vint alors en tête, celle des Enfers : un océan de feu s’étendait devant lui à perte de vue. Le brasier, aveuglant, se régénérait à l’infini. Tel un monstre féroce et insatiable, il semblait voué à engloutir toutes choses. Les âmes pures comme les âmes mauvaises…

Ce suspens il monte crescendo, entrecoupé de scènes historiques sur la mise en place de la GRB et de son gouvernement actuel, t’informant cher lecteur sur cette ploutocratie (j’avais envie de marquer ploucocratie, ça me fait rire toute seule) et sa mise en place, alors supportée par le plus grand nombre. Et la déchéance, les dérives politiques, l’attrait du pouvoir, cette dangereuse drogue qui peut corrompre bon nombre de personnes (oui, même toi tu penses au pouvoir des fois, avoue), qui amène au doute, au sein même des plus hautes sphères de cette institution. Une trahison (bon plusieurs mais tu verras), et les rouages de l’effondrement sont en marche.

On reconnaît un bon livre à sa manière de maîtriser chaque parcelle d’information qui est distillée sur le trajet des pages (j’aime ce mot que veux-tu) ; et Funeste Albion en est l’exemple même. Aymeric Janier, qui n’a pas perdu une once de son style affirmé et au lexique complexe et détaillé (je t’avoue que j’ai du regarder dans un dictionnaire, mais c’est toujours le même mot qui ne veut pas me rentrer dans la tête), nous délivre ainsi un récit de grande qualité et dans lequel il est aisé de se perdre, happés par le déroulement de cette lutte contre le pouvoir et les déboires de nos personnages. J’ai tout particulièrement apprécié Lizzie, une protagoniste à l’évolution passionnante et qui saura tirer son épingle d’un jeu pourtant très dangereux (pour en savoir plus, il faudra lire le livre).

Cette abdication en règle ouvrit une brèche dans la cuirasse de l’Europe, brèche qui eut tôt fait de s’élargir pour laisser place à une faille béante. Des oriflammes noires se déployèrent en masse, dans les villes et les campagnes, les plaines et les montagnes. Le bonheur de vivre, jusqu’alors porté fièrement en étendard, disparut en même temps que les oripeaux de la candeur.

À lire ou pas ? Ce polar, qui offre des pistes de réflexion politique sur les gouvernements et les manières de diriger un pays, est dans la continuité de l’Étoile d’Orion : excellent et réfléchi. Une lecture qui restera donc très positive et que je conseille à tous les aficionados de polars et plus encore.

5/5 est ma note pour ce livre.

Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée ! J’espère qu’elle vous aura plu ! Connaissez-vous Aymeric Janier et ses œuvres ? N’hésitez pas à laisser un commentaire que nous puissions discuter 🙂

Bouquinement vôtre, Jade

2 commentaires sur “Chronique 95 TRS – Funeste Albion par Aymeric Janier

  1. Bonjour, merci pour votre présentation. J’ai commandé les deux livres d’Aymric. Je suis certaine d’avoir fait un bon choix! Instinct!
    Bonne lecture, bonne inspiration, bonnes études !

    Aimé par 1 personne

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