Chroniques·Roman

Chronique 97 TRS – Il était une fois Wanda par Alan Alfredo Geday

Couverture du livre

Résumé : Wanda regarde sa bague de fiançailles. Elle observe les éclats de diamant se réfléchir sur la fenêtre du train. Elle est magnifique. Après Boris, c’est ce qu’elle détient de plus précieux. Elle a tout fait pour la sauver des révoltes bolchéviques. Le jour où ils avaient pillé leur appartement à Saint-Pétersbourg, elle avait glissé la bague d’Igor dans son corsage. Au moins, elle était certaine que les émeutiers ne l’emporteraient pas sans elle. Elle réfléchit. Ce train est son destin. Elle a l’impression d’avoir déjà vécu ce moment, comme un rêve qu’elle réalise. Ce paysage qui défile, elle l’a déjà vu. Cette lange française des voyageurs, elle l’a déjà entendue, et elle la parle et la comprend depuis ses années à Lausanne. Ce réconfort qu’elle espère trouver en France, elle l’a déjà ressenti. Comme si tout avait été écrit. Serait-ce le début d’une nouvelle vie.

Il était une fois Wanda est un roman qui se déroule dans les années 20, « librement inspiré » de la vie de la peintre Tamara de Lempicka. Ce livre a été écrit par Alan Alfredo Geday, auteur notamment de La légende de Larry Hoover que j’avais beaucoup apprécié. Je tiens à le remercier de m’avoir permis de découvrir son nouvel écrit.

Disclaimer n°97 (on est presque au centième dis donc) : comme il y a autant de gouts que de couleurs de peinture différentes, mon avis ne prévaut pas sur celui d’un autre, et pour vous faire le votre, vous pouvez vous procurer le livre par ici.

Il était une fois Wanda, c’est l’histoire de cette jeune fille de la haute en Russie, qui est déjà peu à cheval sur les convenances. Mais elle a tout pour plaire et elle est si charmante que l’aristocratie tolère ses légères incartades lors des rencontres mondaines. Dans ce tout début de récit, elle ne tarde pas à charmer Igor, un fainéant fils de qui héritera un jour de la société familiale. Coureur de jupon, on lui a coupé l’herbe sous le pied, car les Bolcheviks l’enlèveront lors des révoltes, alors que Boris, l’enfant de cette union désinvolte, dort dans la chambre d’à côté. Wanda s’en va avec son fils, en France rejoindre ses tantes, pour espérer vivre des jours meilleurs, son alliance cachée dans son corsage. Peut être qu’elle retrouvera sa gloire passée, pétillante jeune femme à l’honneur abîmé. C’est dans tous les cas une histoire courte (quelques 130 pages) dont l’intérêt grandit à chaque page tournée et que j’ai réellement beaucoup appréciée.

« – Ma chère petite Wanda… Je t’ai appris à être forte. Promets-moi de rester forte. Tu ne laisseras personne te dicter ta conduite et tu suivras ton intuition. Même ton mari ne pourra pas te mettre en cage, parce que c’est ce que font les maris quand ils ont peur. Et les femmes comme nous font peur.

Babushka à Wanda

On y découvre des personnages hauts en couleur. La première, tu t’en doutes cher lecteur, c’est Wanda. Coincée dans la vie maritale, les déboires de son mari la libère finalement, et elle retrouve la vitalité de sa toute jeunesse, électron libre qui tente tout et profite de Paris pour se découvrir. On peut parler de quête, de rite initiatique – enfin peu importe – mais Wanda teste les plaisirs de la vie et l’épanouissement qui en découle est absolument vivifiant pour le lecteur. Son existence n’est pas toujours facile bien sur, et certains moments sont douloureux mais j’ai adoré la découvrir. Les personnages secondaires sont aussi bien développés, comme Jean Cocteau qui nous fait le plaisir de nous citer ses poèmes aux détours de quelques verres, de Suzy, cette femme indépendante, et même Igor que vous allez détester jusqu’à la fin (j’en dis déjà trop, pour savoir de quoi je parle il faudra lire le livre wink wink). La présence de Babushka, la grand-mère de Wanda est assez prégnante tout le long de la lecture, sorte de guide spirituel pour cette dernière qui l’estime du plus profond de son cœur.

La place de la peinture dans cette œuvre est importante mais très accessible. Elle apparaît sous de multiples formes, en un tourbillon d’images que je trouve assez poétique. Le dessin se fait tirer le portrait : il est découvert, aimé, tenté, il est innové, il arbore des courbures de femmes, des caricatures. La passion que Wanda met dans la peinture est si joliment décrite, tout comme l’ambivalence de l’artiste qu’elle est. On sent au travers des écrits d’Alan Alfredo Geday que la jeune femme met toute son énergie dans ses œuvres, qui lui permettent également d’explorer sa propre sensibilité et ses aspirations ; alors qu’elle les donne à qui veut, connaisseur ou pas, tant que le tintement de l’or raisonne ardument dans les poches des acquéreurs. C’est finalement un moyen comme un autre de disséminer l’art (dans les foyers riches j’entends), mais Wanda conserve tout de même son orgueil et les critiques ne la laisse pas de marbre.

« – Les garagistes, ce sont mes copines, elles ont un cœur de femme malgré leur allure de bonhomme… »

Suzy à Wanda

Le style d’Alan Alfredo Geday reste toujours d’une grande justesse, et j’ai retrouvé la narration que j’avais tant aimée lorsque j’avais lu La Légende de Larry Hoover , bien que les sujets abordés soient assez différents. Il n’y a plus de doute quant au talent de l’auteur, qui nous fait dévorer ses histoires. Tout comme Wanda, il affirme ses écrits avec beaucoup d’aisance et énormément d’inclusivité sans pour autant caricaturer (ça franchement, c’était super bien, chapeau l’artiste).

À lire ou pas ? J’ai passé un très bon moment en compagnie de Wanda, et l’énergie mit dans l’écriture se ressent dans chaque ligne. L’histoire est jolie même si tout n’est pas rose (ça la rend vivante) et en plus elle n’est pas du tout longue ! C’est un livre que je vous conseille donc fortement !

5/5 est ma note pour ce livre.

Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée ! J’espère qu’elle vous aura plu et qu’elle vous aura donné envie de découvrir Il était une fois Wanda car ça vaut le coup ! N’hésitez pas à laisser un petit commentaire, et on se dit à bientôt pour une nouvelle chronique 🙂

Bouquinement vôtre, Jade

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