Chroniques·Roman

Chronique 98 TRS – L’Heure de la Baïne par Florie Darcieux

Couverture du livre (@BetaPublisher)

Résumé : 2037. Dans un monde où la liberté de circulation n’est plus qu’un lointain souvenir, Maël et Chris ont dix-sept ans et pour seul horizon les frontières de leur village, aux confins des Landes. À l’annonce de la mort programmée de leur communauté, les deux amis cherchent à comprendre et décident de se confronter à ceux qui se cachent derrière ce funeste dessein. Entre l’énigmatique Satya tombée du ciel et les fantômes de leurs frères respectifs : à qui pourront-ils se fier réellement, sans mettre en péril l’indéfectible lien qui les unit ? Il leur reste un été. Un été pour tout changer.

L’Heure de la Baïne est un roman YA écrit par Florie Darcieux et publié en mai 2021 chez Beta Publisher. J’avais déjà eu un coup de cœur pour Le Millième Pin et j’ai été ravie de retrouver la plume de cette auteure (Florie on t’aime).

Disclaimer : pour la 98e fois (oui ça commence à faire), mon avis n’est pas du tout dogmatique et chacun aura une perception différente de sa lecture. Je vous conseille donc (simplement parce que je n’ai pas le droit de vous ordonner quelque chose) de vous procurer ce petit roman par ici ou par le biais d’une commande chez votre libraire pref. Zoubi.

J’avais eu la chance de découvrir l’aventure de Chris, Maël et Satya en avril 2020, enfouie sous des couvertures lors du premier confinement, alors que ce petit bouquin n’était qu’un fichier PDF envoyé par la superbe Florie Darcieux. Autant vous dire que j’étais ravie de retrouver nos protagonistes dans la version publiée par Beta Publisher, arborant une magnifique couverture (on dira bravo à la graphiste), et un résumé des plus alléchant. Une lecture sur fond d’anticipation plutôt originale, puisqu’on retrouve non pas un environnement moderne mais une régression pré-mondialisation avec des communautés sans noms gérées par le Bureau des Régulations. Chris et Maël habitent dans une de ces communautés, où l’économie tourne autour de l’usine de mise en boite de maïs, faisant travailler presque tous les habitants. Vous vous doutez bien que si cette usine ferme, c’est la catastrophe. Eh bien Florie Darcieux aime la catastrophe. Notre trio fraichement constitué se retrouve donc à devoir partir de la communauté, pour retrouver Léo, le frère de Maël, disparu quatre ans plus tôt lors de l’accident du frère de Chris, Lucas (et là j’arrête de dire ce qu’il se passe pour vous laisser du suspens, vous avez vu que c’est louche cette histoire hein!). Un périple dystopique où les choix du passé se confrontent aux déboires du présent, engloutissant dans le courant le répit court du changement.

« Le pire c’est quand il nous sort des phrases idiotes pour dédramatiser, du genre « Faire du deal de salade dans la chambre d’un légume, c’est pas un juste retour des choses, ça ? »

En choisissant des personnages plutôt jeunes, qui représentent la génération qui sera la suivante à devoir faire survivre la communauté, Florie Darcieux introduit sans le savoir une réflexion autour du sujet du bac de philosophie de cette année, « Sommes-nous responsables de l’avenir ? ». Ce livre est une remarquable thèse-antithèse qui se base à la fois sur le point de vue du groupe et de ses actions (on est plus fort à plusieurs) et du point de vue de l’individu, comme par exemple Léo qui initie un mouvement mais qui, sans soutien, parait impuissant, rattrapé par le poids du passé de la Partition (la création des Communautés pour faire court). Cette dystopie a donc un énorme potentiel de dissertation sur ce sujet, avec des protagonistes engagés et une aventure en bicycle dont on ne se lasse pas.

Revenons-en à nos chers personnages, dont la dynamique relationnelle est décrite de manière superbe : le duo Maël-Chris, qui se complète comme la lune et les marées, ponctué des interventions du grand-père de Chris, un homme haut en couleur que l’on ne peut pas détester. L’arrivée de Satya, qui casse la cohésion du duo avec le tourment de l’évolution de la vie et de la découverte de l’histoire entre Léo et LucasMonsieur, cet entité que l’on ne se représente pas, brouillard de manigances et de méchanceté (je le hais ce mec) et qui se personnifie plus tard en la personne de Martin : donner aux choses qui font peur un nom les rend tout de suite moins effrayantes. Vous l’aurez compris, j’ai vraiment adoré chacun des personnages et leur évolution (mention spéciale à Mamé et son legging irisé), chacun étant nécessaire à l’avancée de l’intrigue.

Où se situait précisément notre communauté ? Où se trouvaient les autres par rapport à nous ? Le nord, le sud, chaque point cardinal n’était qu’une notion très relative, lorsque nous n’étions pas censés quitter le chez nous qui nous avait été assigné. À quoi bon se demander où était la mer, quand nous n’en verrions jamais la couleur ?

Intrigue superbe également, menée d’une main de maître par l’autrice qui montre encore une fois son talent de narratrice. Elle rend justice au genre du young adult avec un phrasé qualitatif qui nous pousse à suivre l’aventure de nos protagonistes jusqu’à la fin. La mise en page du livre y est aussi pour quelque chose, où d’adorables routes sablées portent les vélos de nos aventuriers en fin de chapitre, s’enfonçant plus profondément dans la tranche du livre tandis que Maël, Chris et Satya découvrent les secrets des communautés. Une dynamique et une cohérence épatantes confirment encore (j’ai besoin de répéter que j’ai aimé ?) que ce livre est génial et réfléchit, le gros point fort reposant sur les dialogues piquants qui représentent parfaitement le caractère des personnages.

La fin est sous forme de cliffhanger (ou fin ouverte), comme une question de conclusion à une dissertation, laissant au lecteur le devoir? le pouvoir? si l’envie l’en prend d’imaginer la fin de nos héros. Et même si quelques indices parsèment ces dernières pages, comme la scène la plus triste du livre (j’ai pleuré deux fois, à chaque lecture donc), notre imagination peut prendre le pas et créer de toute pièce la finalité de cette entreprise, pour finir sur une touche heureuse et apaisante pour les plus optimistes, ou arborer un certain défaitisme…

À lire ou pas ? Je n’ai pas besoin de continuer à faire l’apologie de l’Heure de la Baïne, mais c’est un livre que j’ai adoré et qui mérite qu’on lui donne une chance, autant pour la qualité de son écriture que pour son thème travaillé.

5/5 est ma note pour ce livre.

Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée, j’espère qu’elle vous aura plu ! Avez-vous déjà lu une des œuvres de Florie Darcieux ? Ou vous en avez envie ? N’hésitez pas à laisser un commentaire que nous puissions discuter 🙂

Bouquinement vôtre, Jade

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