
Résumé : Après la disparition de Mathilde, une vieille antiquaire, Arnaud, l’ex-flic qui écrit de la poésie reprend du service. En s’associant avec un détective expert en œuvres d’art, il enquête entre le Pays Basque et les Landes sur un trafic d’antiquités volées par l’État Islamique. Quand des groupes du grand banditisme se font la course pour retrouver un trésor, semant derrière eux des cadavres, Arnaud doit composer avec son indic, une prostituée exubérante, garder son beau père, un veuf alcoolique, mais surtout rester vigilant pour survivre au milieu de cette chasse au trésor qui devient rapidement une course au crime. Mais l’ex-flic compte sur la présence d’un vieux chien étrange qui ressemble à un esprit échappé des dunes pour lui porter chance quand la mort le frôle de trop près.
La Disparue des Hautes-Rives est le cinquième tome des Chroniques de Biscarosse, une saga polar écrite par Rémy Lasource. Ce tome a été publié en juillet 2021 chez les éditions Ex Aequo, dans la Collection Rouge.
Disclaimer : je suis très polar en ce moment, donc il est vrai que j’en lis beaucoup (logique). Ça retentit sur mes chroniques puisqu’il me semble que c’est genre la troisième d’affilée où on parle de ça ? Mais trêves de bavardages, vous pouvez vous procurer ce livre juste ici.
On s’imagine toujours que notre lieu de vie est calme et sans histoire. Comme un cocon qui nous sépare de la réalité que nous abreuve la télévision ou les réseaux sociaux. Rémy Lasource est venu bousculer mon cocon en choisissant Biscarosse et le Wharf (la Salie Sud, La Teste-de-Buch, une ville près de Bordeaux pour les non provinciaux aha), les lieux de vacances de mon enfance (accessoirement à 25 minutes de chez moi), pour y jouer un théâtre sanglant et violent. L’enquête commence donc avec la disparition de Mathilde, la vieille voisine qui vouait une adoration pour les poèmes d’Arnaud, notre ex-flic en reconversion. L’expression dit « Chassez le naturel, il revient au galop », et elle s’applique bien dans notre intrigue ; puisque Arnaud décidera, son âme d’enquêteur reprenant le dessus, de retrouver Mathilde.
« Toi ? Mais non mon pauvre. T’es juste inadapté au monde d’aujourd’hui, vieux jeu, une espèce de chevalier perdu, tout cabossé et rouillé qui m’écrit des poèmes entre deux quêtes. T’es tout sauf un menteur, tu n’existes que dans l’amour et la poésie ».
Claire à Arnaud
Dans ce cinquième tome, qu’il est possible de lire indépendamment des autres, j’ai découvert l’écriture de Rémy Lasource avec beaucoup de plaisir. Il allie le mystique, représenté par le personnage de Chamane, ce chien errant qui apparaît et disparaît comme le remous des vagues, avec le cartésien d’une enquête policière, changeant totalement l’ambiance du genre polar, qui peut s’avérer être très sérieux (et parfois victime de lourdeur). Ici, l’écriture est quasi poétique dans les descriptions narratives, tandis que les personnages cassent ce ton avec des dialogues âpres et crus, un mélange addictif qui fait qu’on en reprendrait bien encore. Le fait qu’Arnaud soit un poète y ajoute, évidemment, mais l’atmosphère du livre semble elle-même trempée dans la métaphore et la visualisation d’un paysage d’une beauté déconcertante, contrastant avec le climat de violence, de séquestration et de morts engendré par l’affaire qu’Arnaud tente de résoudre.
Il n’est pas tout seul dans cette histoire, Arnaud, et j’ai adoré chacun des personnages. Claire, son épouse, que rien ne semble atteindre et qui parait aimer son mari d’un amour intarissable (même si elle adore s’alanguir sur le physique des surfers biscarossais) ; Chamane, bien sûr, le chien mystique qui pourrait bien être une métaphore de l’instinct de survie d’Arnaud. Ce chien est toujours là quand quelque chose est louche, ce souffle sur votre nuque qui vous indique que quelque chose ne va pas, ce clignotant incessant dans votre esprit qui vous hurle d’éviter une situation, j’aime à penser que Chamane représente ces idées là. Et puis bien entendu Michel, le beau-père d’Arnaud, qui, malgré une description peu flatteuse dans le résumé est un personnage complexe et extrêmement touchant (il a failli me faire pleurer celui-là).
« T’es vraiment tout ça. Un flic de la vieille école, un aventurier doublé d’un justicier, une espèce de chasseur d’absolu, un mec qui coince l’éternité entre ses poings pour en presser un nectar qui fait que ta vie est toute constellée de paillettes d’or. »
Michel à Arnaud
Toute l’intrigue est bien ficelée, et il ne manque rien à ce polar pour être bon. Les personnages sont attachant, il y a de l’action (de la bagarre, clap clap) et Arnaud a vraiment le chic pour se retrouver dans des embrouilles. Il a le « cul bordé de nouilles », et on adore se demander comment il va s’extirper de ces histoires. De même, le dénouement était excellent (parce que je ne l’ai pas deviné directement aha) et j’ai beaucoup aimé le côté spirituel de la dernière scène avec Sââdi, l’enquêteur spécialisé dans les œuvres d’art. C’est un livre court (environ 150 pages), mais il se suffit largement à lui-même (la qualité c’est souvent mieux que la quantité).
À lire ou pas ? Une jolie découverte que ces Chroniques de Biscarosse, dont j’ai bien envie de lire les premiers tomes ! Un polar court mais très bien écrit qui saura ravir les fans du genre, avec un style d’écriture assez poétique et très agréable à lire ! Je vous le recommande 🙂
4,5/5 est ma note pour ce livre.
Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée, j’espère qu’elle vous a plu ! Avez-vous déjà lu les Chroniques de Biscarosse ? Où le résumé vous fait-il envie ? N’hésitez pas à laisser un commentaire que nous puissions en discuter.
Bouquinement vôtre, Jade