Chroniques·Polar·Roman

Chronique 134 TRS – Les 4 enquêtrices de la supérette Gwangseon par JEON Gunwoo

Couverture du livre

Résumé : Dans la supérette Gwangseon, 4 femmes, dont les maris rivalisent de paresse et de machisme, se retrouvent pour des petits travaux. Quand un exhibitionniste sévit dans le quartier, elles décident d’enquêter pour le faire arrêter. Peu après, dans leur résidence, un serial killer reprend ses activités criminelles après des années de pause. Sa spécialité : laisser près du corps de ses victimes un badge « smiley ». Ensemble, pour gagner la prime qui paiera le divorce de l’une d’entre elles, les quatre amies vont devoir enfiler leur tenue de Sherlock Holmes.

Les 4 enquêtrices de la supérette Gwangseon est un cosy mystery écrit par l’auteur coréen Jeon Gunwoo et publié par les éditions Matin Calme en janvier 2023. Il est traduit du coréen vers le français par Kyungran Choi et Bessora.

Disclaimer : les goûts, les couleurs, c’est comme les chaussettes, on en a plusieurs paires (bon j’ai de plus en plus de mal à trouver des métaphores mais vous vous rendez compte ? 134 disclaimers, ça commence à faire). Bref, si vous souhaitez vous faire votre propre avis de ce roman (ce que je vous invite à faire), vous pouvez vous le procurer dans toutes les bonnes librairies !

Bonne année, bonne santé, à fond la forme etc etc (je sais que je suis très en retard, vous passerez outre vous me connaissez à force). Après un bon bout de temps à m’apitoyer sur le sort que je réserve à ma PAL – c’est-à-dire l’ignorance total de ce paquet de livre qui déborde d’une pauvre étagère Billy – j’ai décidé de me lancer dans la lecture d’un énième polar (les habitués savent que c’est mon pêché mignon), mais dans un style un peu différent par rapport à ce que j’ai l’habitude de vous présenter. Le roman dont je vais vous parler fait partie d’un sous-genre de polar donc, ayant pour origine le Royaume-Uni (Agatha si tu passes par là), appelé le « cosy mystery » ou « mystère confortable », une traduction très littéraire mais qui décrit efficacement ce style de lecture. Je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais vous pourrez trouver une jolie description du cosy mystery sur le blog A Livre Ouvert (c’est à lire si ça vous intéresse, c’est très étoffé et intéressant).

Bon, revenons à nos moutons. Ce petit cosy mystery de quelques 300 pages décrit, au départ, la vie à Gwangseon, un quartier populaire de Corée du Sud, et plus particulièrement de cinq protagonistes d’âges variés et qui ont toutes un point commun : des maris insupportables (chacune de leur intervention m’a donné envie de faire comme dans Germinal) dans un monde plus que patriarcal. Elles se retrouvent chaque jour à la supérette Gwangseon, tenue par Jeon Jihyeon, une femme d’une soixantaine d’années. Gong Miri, Park Sohui, Chu Gyeongja, Roh Jisuk (les noms de famille sont en premier) et la patronne de la supérette Gwangseon, une petite troupe de femme sans grande histoire qui formeront, après un événement déclencheur, la Section des enquêtrices mères au foyer.

« À un moment ou à un autre, l’homme perd son utilité. Comme une casserole au manche cassé ou un chemisier démodé. À ce moment-là, il faut s’en débarrasser. Ça ne sert à rien de les garder, ça devient juste… encombrant. Mon mari est obsolescent. »

Si le début du roman n’est pas palpitant – et en même temps, le cosy mystery est connu pour sa paresse et son atmosphère douce (donc cosy ehe) – ne vous laissez pas berner par l’apparente lenteur qu’entretient au départ le narrateur. Car il nous situe, avec ses interventions toujours pertinentes, pour accélérer la cadence au fur et à mesure que l’enquête avance. Menées par Gong Miri, une femme la trentaine passée aux rêves d’enquête à la Sherlock Holmes, la Section des enquêtrices mères au foyer donnera du fil à retordre à Boules de Mulot, l’exhibitionniste du quartier, et à quiconque s’attaquera à l’une de ses sœurs (je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous spoiler comme d’habitude). Toujours accompagnées de leur trench coat beige, tenue officielle de la Section, évidemment.

C’est un roman qui entretient avec beaucoup d’adresse un suspens qui se pare de retournements de situation intéressants ; et qui en même temps nous abreuve de boutades tordantes. Vous pourrez être horrifiés par un bout de jambe au smiley sur une page autant que rire des réflexions de Gong Miri à la suivante. Un mélange efficace de meurtres et d’humour qui fait que ce cosy mystery est réussi à tout point de vue. Il existe également une alternance de points de vue entre certains protagonistes qui est tout à fait pertinente pour le roman (à la différence de certains où l’on se perd entre les millions de points de vue différents, là ça va, il y en a deux, faîtes un effort) et qui fait avancer notre schmilblick à vitesse grand V. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié la narration de ce roman (et son histoire, bien entendu).

« Vous le savez, le surnom de ce délinquant sexuel, vient des témoignages des victimes. Selon elles, son organe sexuel est singulièrement petit. Il est possible que ce soit la cause de ses dérives. Son complexe d’infériorité sexuelle pourrait expliquer ses délits. »

Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce livre, c’est le fait que les traducteurs aient gardé l’âme coréenne du livre. On y retrouve des phrasés typiques de là-bas, comme notamment les appellations des femmes plus âgées que soit, avec lesquelles nous sommes proches, « eonni » en alphabet latin que l’on traduirait par Grande Sœur (언니 en hangeul), ou bien encore « Maman de Hyeonji » pour interpeller la mère d’un enfant (Hyeonji eomma = 현지엄마 en hangeul). Ils n’ont pas « adapté » le livre pour l’unifier dans un carcan occidental, ce qui le rend tout à fait original (pour qui n’est pas habitué à la culture coréenne) et authentique. Si vous n’avez pas l’habitude des prénoms asiatiques, il se peut que vous ayez au départ du mal à retenir tous les noms, mais ils sont souvent répétés donc ne vous arrêtez pas à ça, ce serait vraiment bête.

À lire ou pas ? Un must-have dans sa collection cosy mystery que Les 4 enquêtrices de la supérette Gwangseon. J’ai passé un super moment de lecture grâce à la Section des enquêtrices mères au foyer et j’en reprendrai bien une tranche si l’occasion se présente !

4,25/5 est ma note pour ce livre.

Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée, j’espère qu’elle vous aura plu ! N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire, pour discuter du roman, ou du cosy mystery en général !
Bouquinement vôtre, Jade

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