
Résumé : Richard Stobbs, écrivain schizophrène, ne s’attendait certainement pas à voir sa vie totalement chamboulée en effectuant ce trek dans la jungle africaine. Pourtant, son existence vire au cauchemar, lorsqu’à la suite de soins prodigués contre une piqûre de scorpion, le médicament miracle dont il bénéficiait grâce à la fortune de son oncle cesse de faire effet. Dès lors, Richard se retrouve à mener une enquête entre deux mondes, l’un imaginaire, l’autre bien réel. Il va tenter de comprendre qui sont ces fantômes terrifiants revenus des abysses pour le hanter. Mais comment conduire des investigations quand on ne sait jamais si l’on est dans la réalité ou dans un délire psychotique? Heureusement pour lui, Richard va recevoir l’aide d’une jeune femme qui ne craint pas les spectres, même les plus dangereux. À eux deux, ils vont découvrir une incroyable vérité : un navire naufragé cent trente ans auparavant par la faute de son commandant, des passagers abandonnés à leur sort dont les âmes reviennent se venger un siècle plus tard… Mais de qui et pourquoi maintenant ?
Les fantômes de l’Artiglio est un thriller écrit par Hervé Michel et publié en février 2022 chez les éditions Ex-Aequo que je remercie par ailleurs de toujours continuer à m’envoyer leurs nouveautés.
Disclaimer : on est plutôt thriller/polar en ce moment, impossible de savoir pourquoi, mais bref, si le bouquin vous branche vous pouvez le trouver sur l’internet ou le commander en librairie. Zoubi
Richard, mon grand Richard… mais dans quel merdier tu es allé te fourrer ? Stobbs, écrivaillon de guides de voyage, accessoirement schizophrène mais traité par un médicament miracle/secret/étatsuniens/magique donc ne souffrant plus d’aucun symptôme (les psychiatres le déteste), (re)découvre, au retour de son voyage en Afrique de l’Ouest, l’existence des symptômes positifs de la schizophrénie (aka hallucinations et idées délirantes pour les moldus). Des bateaux datant de 130 ans, un capitaine pirate qui tue des centaines de passagers à cause d’un égo aussi gros que la cale de son bateau (ça fait un gros égo si vous voulez mon avis), des enfants à l’eau, des requins mangeurs d’hommes, bref, ce n’est pas de tout repos pour notre Richard. Heureusement qu’il est accompagné de Lucie, sa très chère femme, et de son psychiatre préféré, Morici, qui vont le remettre d’aplomb…
Ou pas. La vie de Richard, qui était avant cet épisode d’un calme presque ennuyeux, se transforme en un épisode de série policière. Tentatives de meurtres, disparitions, complots, tout y passe et Stobbs se retrouve mêlé à une histoire dont il ne comprend pas les tenants et les aboutissants. Orphelin, recueilli par un oncle diamantaire psychorigide et marié à la délicieuse Lucie qui tend à faire passer sous silence les questions qu’il se pose en agitant une culotte en dentelle (la faiblesse de cet homme si je puis me permettre), notre protagoniste se fait rouler dans la farine tout le long de l’histoire ! On en aurait presque de la peine. Mais il peut compter sur la mystérieuse Cécile, une serveuse de bar qu’il connaît à peine, pour l’aider à trouver des pistes l’amenant à démêler cet imbroglio.
Puis il retourna vers son bureau en oubliant totalement cette gosse de riche pourrie gâtée qui tentait mollement de sortir d’une addiction à l’héroïne à coup de gros chèques que signait papa. Morici aurait parfois aimé abandonner son rôle de médecin pour lui balancer une paire de baffes, mais on ne frappe pas une patiente, aussi énervante soit-elle, lorsqu’elle vous lâche trois à quatre mille euros par mois en consultations.
L’écriture de ce thriller est plutôt réussie puisque le narrateur arrive à tenir en haleine son lecteur jusqu’à la dernière page et même après (il faudra lire le livre pour comprendre), tandis qu’il répond avec avarice aux questions que l’on se pose. Il distille avec parcimonie de maigres indices dont on devra se contenter, pour faire avancer son roman et balancer, au détour de quelques pages, des bombes inattendues que le lecteur évite avec peine. Une alternance de points de vue entre l’enquête de police, la navigation de l’Artiglio, le passé de Richard et les antagonistes tisse avec adresse les fondations de ce thriller pour en donner une jolie dimension au livre dont je salue la cohérence. Les personnages sont bien développés, même ceux dont on ne sait quasiment rien, et l’on arrive à s’y attacher plus ou moins. Un petit coup de cœur pour Lucie (ceux qui ont lu le livre se demande pourquoi, je répondrais solidarité féminine sur l’héritage patriarcale), une protagoniste très complexe à cerner mais qui est certainement l’une des mieux écrite de ce livre.
La fin de ce bouquin est une question ouverte au côté fantastique qui laisse la porte ouverte à une suite. Elle est bien amenée même si peut-être un peu rapide (à mon goût, encore une fois c’est très subjectif) et conclue joliment ce thriller qui m’aura captivé jusqu’à la fin. Bravo à Hervé Michel pour sa maîtrise du tempo, avec des chapitres courts et compacts qui ne s’encombrent que du nécessaire. Une jolie lecture en ce mois de février !
À lire ou pas ? Un thriller captivant dont les issues sont troubles, à lire pour les néophytes ou les passionnés du genre.
4/5 est ma note pour ce livre.
Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée, j’espère qu’elle vous aura plu ! Connaissiez-vous déjà les œuvres de Hervé Michel ? N’hésitez pas à laisser un commentaire que nous discutions, et surtout,
Bouquinement vôtre, Jade